Les terroristes locaux
Qui sont infiltrer par les services secret occidentaux
Amérique Latine, Moyen-Orient, Europe
, le Sentier lumineux, le FMLN et les « Contras , les TLET, Abu
Sayyaf.
professeur : Stéphane Leman-Langlois
Groupe Abu Sayyaf (GAS)
plusieurs groupes islamistes tentent d’obtenir l’indépendance de l’île de
Mindanao, qui fait partie des Philippines. Abu Sayyaf est le plus connu mais
non le plus important (autres noms : Al Harakat et Al Islamiyya). Sa
présence médiatique est dûe à l’extrême violence de ses
activités, dont la décapitation d’otages.
fondé par Abdurajak Abubakar Janjalani, tué par la
police en 1998; dirigé par par son frère, Khadaffy
Janjalani jusqu’à sa mort en septembre 2006.
un de ses pires capitaines était Ghalib Andang,
surnommé « commandant Robot ». Ce dernier fut arrêté
en 2002 et incarcéré; il mourut en mars 2005 lors
d’une mutinerie. Leader actuel : Radullan Sahiron
(qui a plus de 70 ans).
financé par des charités situées en Arabie Saoudite. GAS a aussi
transformé ses enlèvements en une véritable industrie de la rançon.
en 1995, Ramzi Yousef (bombe du WTC de 1993) complote avec eux pour
faire sauter des avions le ligne (complot « bojinka » ; Youssef sera
arrêté quelques mois plus tard au Pakistan par des agents du Diplomatic
Security Service [DSS, USDS]. Youssef est le neveu de Khalid Sheikh
Mohammed, comploteur du 9-11).
liens importants avec Jemaah Islamiyah, organisation extrémiste panasiatiqueq
2007 . Coup principal : attentat de Bali en 2005.
L’armée des Philippines est essentiellement en train de gagner une guerre
d’attrition contre tous ces groupes. L’armée s’est rendue coupable de
nombreux meurtres elle-même dans sa répression des groupes insurgés.
En 2002 et en 2003 les ÉU ont envoyé environ 1 000 soldats pour tenter de
neutraliser AS et les autres organisations révolutionnaires:
Front démocratique national (NDF) : formation politique sensée
représenter les groupes insurgés dans les négociations avec le
gouvernement; ces négociations piétinent.
Parti communiste des Philippines (CPP) : aile politique (maoïste) de la
Nouvelle armée du peuple (NPA). Le leader du CPP est en exil en
Hollande, d’où il dirige les opérations. Le CPP/NPA s’attaque aux
autorités, à des criminels et à d’autres groupes révolutionnaires
rivaux, mais aussi aux forces étatsuniennes stationnées aux
Philippines. Environ 10 000 membres
terres et le départ des troupes étatsuniennes — les ÉU sont maintenant
partis, et la baisse des revenus (une « taxe » des marchands locaux)
fera bientôt disparaître le groupe.
Front moro de libération nationale (MNLF) : comprenait Abu Sayyaf
jusqu’en 1998.
Les Moros sont un groupe ethnique majoritaire (musulman) sur l’île de
Mindanao, annexée aux Philippines en 1946; le MNLF demande son
indépendance. Après l’arrivée de Marcos au pouvoir en 1965 le vol des
terres et des ressources naturelles du Moroland prend une nouvelle
ampleur. Marcos et les ÉU sont vus comme des oppresseurs.
en 1976 le MNLF négocie un traité avec Marcos, qui ne le respecte pas,
les membres radicaux, qui ont perdu confiance dans le processus négocié,
forment le Front islamique de libération moro (MILF).
AS est un sous-groupe radical du MILF.
GAS a également eu des liens avec d’autres groupes islamistes radicaux un
des leaders du groupe a combattu l’URSS en Afghanistan. Le groupe comprenait
environ 400-600 membres au début des années 2000 (peut-être 100
aujourd’hui), plusieurs recrutés dans les universités philippines.
GAS contrôle certaines îles et donc peut offrir de l’espace
d’entraînement pour d’autres groupes radicaux djihadistes.
GAS prône le « nettoyage ethnique » (massacre) des chrétiens.
comme les autres organisations révolutionnaires philippines, GAS est en très
forte perte de vitesse. Depuis 1998 et la mort de son premier leader, GAS
glisse de plus en plus vers le crime organisé et le kidnapping à répétition,
laissant de côté les idéaux islamistes. Ses dernières attaques ressemblent
davantage à du racket de protection qu’à du terrorisme.
Sentier lumineux (Sendero Luminoso)
Fondé par le prof d’université Abimael Guzman (surnommé « président
Gonzalo ») en 1969. Pour le principal les activités violentes de
Sentier lumineux se sont concentrées entre 1980 et 1995. C’est
un groupe maoïste révolutionnaire qui s’oppose à la
discrimination ethno/raciale et au système économique
oligarchique péruvien. C’est principalement un groupe de
guérilleros mais qui utilise souvent des tactiques terroristes.
au début SL bénéficie de l’appui de milliers de
paysans indiens dépossédés
le Pérou est un État faible qui n’a jamais eu un
contrôle sur l’ensemble de son territoire.
à partir de 1982 le président Reagan déclare une
guerre contre la drogue et les jungles du Pérou
deviennent des champs de bataille contre la coca.
Bush I avait également une « stratégie des Andes »
fondée sur l’intervention militaire contre la
culture de la coca.
à partir des années 1990 la stratégie de SL est de
protéger les paysans cultivant de la coca pour
obtenir leur support et ramasser une « taxe » sur
leur production. Les revenus montent à 20–100
millions par année.
en 1990 Alberto Fujimori prend le pouvoir et transforme le pays en dictature
autoritaire. Il forme des escadrons de la mort, accusation à laquelle il
aura à répondre à la fin de sa présidence (il s’enfuit alors au Japon).
Guzman est capturé en 1992.
Des centaines d’incarcérations illégales et plusieurs graves violations
des droits par l’armée plus tard, SL a perdu le plus gros de ses
forces : le membership tombe de 6 000 à 1 500 en 1995. Moins de 1 000
aujourd’hui.
Fujimori instaure éventuellement un programme de remplacement des
plantations au lieu d’attaquer les paysans.
Une loi de la « repentance » promet aux anciens guérilleros des termes
judiciaires favorables s’ils coopèrent avec l’armée.
En 2002 une voiture piégée explose devant l’ambassade des ÉU à Lima, tuant 9
personnes, juste avant une visite du président Bush.
La Cour constitutionnelle du Péron a invalidé l’ensemble des procès
militaires faits aux terroristes en 2003.
en avril 2004 « Artemio » a juré, sur cassette vidéo donnée aux médias, que
la violence reprendrait si les prisonniers du SL n’étaient pas libérés.
Guzman est toujours en procès à Lima (avec 18 autres membres de SL), son
second procès )civil avorta en novembre 2004. En octobre 2006, il est
finalement condamné à la réclusion à perpétuité.
le FMLN, FSLN, « Contras »
L’Amérique latine est un enjeu important de l’influence géopolitique
étatsunienne durant les années 1980.
au Salvador, une guerre civile fait 75 000 morts, la plupart attribués
par l’ONU au gouvernement et à divers groupes vigilantistes.
en 1976 le général Carlos Romero est élu président du Salvador; 3 ans
plus tard il est renversé par un putsch et remplacé par une junte
militaire. La junte joue sur deux fronts, d’un côté offrant une
redistribution de 25 % du territoire (possédé par quelques familles
ultra-riches et cultivées par des serfs, appelés campesinos), et de
l’autre encourageant un groupe paramilitaire vigilantiste tuant les
politiciens et militants de gauche, la Garde nationale (qui assassine,
entre autres, l’évêque Oscar Romero en 1980).
dans les années 1980 la guerre civile fait 3 000 morts par mois. Le
gouvernement de Napoleon Duarte, puis de Alfredo Cristiani, et le
gouvernement Reagan accusent le Front Farabundo-Martí de libération
nationale, FMLN (et l’autre groupe révolutionnaire, le Front démocratique
révolutionnaire FDR) de la plupart des pertes de vie.
L’armée salvadorienne et la Garde nationale sont financées par les ÉU.
Jusqu’en 1990 la guerre a fait 75 000 morts. Une commission d’enquête
de l’ONU attribuera en 1993 la plupart de ces morts au gouvernement et
à la Garde nationale. Un de ces massacres fait 1 000 morts dans une
région paysanne indienne (El Mozote, décembre 1981).
le FMLN a assassiné plusieurs politiciens, surtout durant une campagne de
neutralisation de maires locaux.
En 1990 un cessez-le-feu est négocié sous les auspices de l’ONU. Des
élections suivent. Le FMLN est maintenant une force politique importante
ainsi que plusieurs anciens dirigeants de la Garde nationale.
Au Nicaragua la situation présente un renversement intéressant.
depuis le début du siècle des guérilleros s’opposaient à la présence
étatsunienne et à la distribution des terres. Entre 1936 et 1979 la
dynastie des Somosa est au pouvoir, soutenue par les ÉU. C’est
essentiellement une cleptocratie, qui détourne systématiquement toutes
les richesses du pays; un événement déclenche un soulèvement général en
1972: Somosa détourne des fonds internationaux destinés à venir en aide
aux survivants d’un tremblement de terre. Une guerre civile commence en
1978, alors que les Sandinistes (Front sandiniste de libération
nationale, FSNL dont le dirigeant le plus connu fut Daniel Ortega).
En juillet 1979 les Sandinistes prennent le pouvoir, instaurent une
réforme agraire et nationalisent plusieurs ressources naturelles. Ils
gagnent des élections contestées en 1985
Les ÉU financer les « Contras ».
. Les ÉU mettent fin à leur support financier et commencent à financer un groupe contrerévolutionnaire, les « Contras ».
les contras massacrent, dévalisent la population, torturent les
opposants, enrôlent de force les adolescents, font le trafic de la
cocaïne. En 1984 le Congrès (dominé par les Démocrates) interdit de les
financer. Des gradés de l’administration Reagan (Oliver North et John
Poindexter, qui était le national security advisor à l’époque)) inventent
un système où ils vendent des pièces de F-14 à l’Iran (pour 30 millions
USD) et envoient l’argent aux Contras (18 millions USD).
un accord de paix entre les Contras et les sandinistes est accepté en
1987, prévoyant des élections en 1990, qui seront gagnées par Violetta
Chamorro, supportée par la droite et par les ÉU.
Les Tigres libérateurs de l’Eelam tamoul (TLET)
Les TLET sont les maîtres des relations publiques. Le groupe vise
l’indépendance de ce qu’il appelle l’« Eelam tamoul », une région en forme
de croissant englobant l’ensemble de la côte nord du Sri Lanka. Ils
contrôlent déjà cette région, c’est donc aussi un groupe de guérilla.
Leader : Velupillai Prabhakaran.
les Tamouls sont une minorité hindoue (18 %) dans le Sri Lanka à majorité
cinghalaise. Durant l’occupation britannique (jusqu’en 1948) les Tamouls
avaient bénéficié de l’appui du colonisateur et occupaient les postes
d’administration coloniale, au détriment des Cinghalais. Au départ des
Britanniques la majorité a pris le pouvoir et discriminé activement contre
les Tamouls (entre autres, en bannissant leur langue).
L’Inde a longtemps servi de support aux TLET, fournissant
un port d’attache où les Tigres pouvaient se réfugier,
s’entraîner, etc.
Après des négociations Inde-Sri Lanka le gouvernement de
Rajiv Ghandi envoie une garnison dans le Nord pour
maintenir la paix. Les Tigres rejettent le cessez-le-feu
et se retournent contre l’Inde, assassinant Ghandi en
1991.
pour l’instant une paix relative règne. Les TLET
contrôlent ouvertement une large portion du pays.
La Fraction armée rouge ou « bande Baader-Meinhof » ou « bande à Baader »
formée en 1970 par Andreas Baader (après qu’Ulrike Meinhof et un groupe armé
l’ait fait évader de prison pour avoir mis le feu à un grand magasin de
Francfort); ses membres sont pour la plupart des étudiants radicaux (Meinhof
est journaliste). Dès le début, la RAF (Rote Armee Fraktion) dit s’opposer à
la continuation du régime nazi en RFA. Selon ses dirigeants l’Allemagne
d’après 1945 ne s’est pas suffisamment éloignée des restes du nazisme,
gardant dans des positions importantes (politiques, économiques,
industrielles) plusieurs anciens nazis.
Dans les années 1980 la RAF s’oppose à la militarisation de l’Europe à
travers l’OTAN et l’influence étatsunienne.
les tactiques sont relativement chaotiques : holdups,
attentats, enlèvements
en 1975 des membres de la RAF s’allient avec Carlos
et le FPLP et tirent 2 missiles SAM contre un avion
de El Al à Paris-Orly. Ils manquent l’avion mais
causent des dommages à l’aéroport et 3 blessés.
le discours de la RAF place la lutte armée au centre de
tout processus de changement. Ceci est baptisé « guérilla
urbaine », l’idée étant qu’on ne peut pas attendre que le
peuple se soulève puisqu’en général ce dernier est passif et inconscient des
problèmes sociaux. C’est aussi un rejet symbolique autant qu’explicite de la
démocratie parlementaire, système jugé corrompu et conçu pour protéger la
structure de pouvoir et étouffer ou coopter toute dissidence. Selon un texte
de la RAF,
La guérilla urbaine vise à détruire l'appareil de domination
étatique en certains points, à le mettre à certains moments hors
d'état de nuire, à anéantir le mythe de l'omniprésence du
système et de son invulnérabilité.
en 1976 Ulrike Meinhof est trouvée pendue dans sa cellule. En octobre 1977
Baader, Gudrun Ensslin (autre fondatrice) et Jan-Carle Raspe meurent aussi
en prison; les autorités sont accusées de meurtre par les sympathisants du
groupe. Irmgrad Möller est grièvement blessée à coups de couteau. Il semble
que les avocats du quatuor leur avaient apporté des armes — ce dont bien des
Allemands continuent de douter. En septembre d’autres membres du groupe
avaient kidnappé l’homme d’affaire Martin Schleyer pour les faire libérer.
Schleyer est tué en représailles.